Manuel du blason calculable

Avertissements:

Le système de menus dynamiques pour la construction du blason est basé sur une analyse de la structure des armes. Nous nous sommes contraint, dans cette analyse, à rester au plus près de la tradition héraldique pour en dégager les notions d'entités et d'opérations héraldiques pour concevoir notre langage formel du blason. Le lexique (intitulés des menus et sous-menus, termes des listes de choix) reprend le lexique héraldique, à quelques exceptions près; la structure hiérachique des menus et sous-menus calque la structure des armes telle que nous avons pu la comprendre. Parmi les sources consultées pour ce travail, citons: Précis d'héraldique - Théodore Veyrin-Forrer - Larousse 2004.

Entités héraldiques

L'entité principale est le blason. Elle est à la racine de tout. Vient en second la figure. Elle subsume les pièces et meubles héraldiques mais, dans le blason formel, son extension est plus large, comme nous le verrons par la suite.

Les blasons et les figures sont, en général, munis d'un émail. Une figure possède un nom. Il est possible d'attribuer aux figures une situation ou une position. L'extension de des termes «émail», «situation» et «position» s'entend en leur sens héraldique.

On trouvera également la notion de trait qui servira aux opérations de division ou de repartition (voir ci-dessous).

Chacune de ces entités est le libellé des divers (sous)menus que l'on déroule lors de l'édition du blason.

Opérations héraldiques

Constructions du blason

On le voit, le blason est une structure récursive: un blason parti est composé de deux blasons qui peuvent à leur tour être subdivisés. Le blason formel s'éloigne ici de l'usage héraldique qui veut que l'ensemble des partitions soient énoncées avant le blasonnement de chacun des quartiers. Dans le blason formel, les quartiers sont blasonnés au fil des divisions.
Le blason réduit n'est pas un terme héraldique. Des armes qui comportent un chef présente une sorte de partition de l'écu: la partie du chef et les armes placées sous le chef. Le blason d'une telle arme n'explicite pas cette partition. Pour le blason formel, il faut expliciter cette opération héraldique: nous avons choisi, un peu arbitrairement, un terme pour la désigner (notez que, dans l'expression formelle du blason, nous pouvons à nouveau l'oublier.)

Construction des figures

Pour ce qui est des figures, le blason formel s'éloigne également de l'usage héraldique. La distance que nous prenons reste toutefois héraldiquement cohérente, du moins, le pensons nous.

Du naturel au formel

Le blason formel reprend le vocabulaire du blason en langue naturelle (française) mais en arrange la syntaxe pour l'accommoder à son interprétation par un programme.

La langue du blason exprime la structure des armes et cette structure est hiérarchique. Par exemple, dans d'azur à la fasce d'argent chargée de cinq merlettes de sable et accompagnée en chef d'un croissant d'or et en pointe d'une étoile de même. En première analyse, ce blason se décompose en 2 éléments:

  1. Le champ et son émail (d'azur)
  2. et une composition de figures (à la fasce d'argent et accompagnée en chef d'un croissant d'or et en pointe d'une étoile de même).

Là où la langue naturelle utilise des symboles de ponstuation et des conjonctions, le blason formel utilise les parenthèses comme élément de structuration logique du blason. Cette notation est inspirée du langage de programmation LISP. La forme du blason partiellement formalisé en première analyse, est la suivante

(azur ( «fasce d'argent chargée de cinq merlettes de sable et accompagnée en chef d'un croissant d'or et en pointe d'une étoile de même» ) )

Dans le blason formel, on considère la composition de figures comme une seule figure composée. On distingue dans celle que nous analysons 3 éléments:

  1. La figure principale (fasce d'argent)
  2. La figure (en nombre) chargeant celle-ci (chargée de cinq merlettes de sable)
  3. Et enfin, les figures l'accompagnant (accompagnée en chef d'un croissant d'or et en pointe d'une étoile de même).
Les opérations héraldiques qui relient ces éléments sont exprimées en langue naturelle par «chargée de» et «accompagnée de». Dans le blason formel, on utilise pour désigner ces opérations les termes plus simple de charge et accompagne.
Nous avons mentionné que la syntaxe du blason formel s'inspire de celle du langage de programmation LISP. Dans ce langage, l'application d'une opération à ses argument adopte une forme particulière appelée préfixée, complètement parenthésée. Ceci veut dire qu'en LISP, pour désigner une exprimer, on n'écrit pas 12 + 30, mais ( + 12 30 ). Le symbole d'opération est placé avant ses arguments (en préfixe) et des parenthèses englobent toujours le tout. Le parenthèsage permet d'écrire (+ 12 15 15) au lieu de 12 + 15 + 15. Si un argument est obtenu par application d'une autre opération, comme dans 12 + (2 * 15) on applique à celui-ci le même principe d'écriture. Ce qui donne en l'espèce: (+ 12 (* 2 15)).

Si l'on applique ce principe d'écriture à notre figure composée, on obtient une expression de la forme

( accompagne (charge («fasce d'argent») ( «cinq merlettes de sable» ) ) ( «en chef d'un croissant d'or») ( «en pointe d'une étoile de même») )
Notez comment la conjonction «et» a disparu entre les deux figures accompagantes.

La figure principale est définie par son nom et son émail. On la transcrit simplement dans le blason formel par (fasce argent). De même, «merlettes de sable», «croissant d'or» deviennent respectivement (merlette sable) et (croissant or). Notez que le «s» des merlettes disparaît dans le blason formel. Celui-ci ne connaît pas les accords de nombre ni de genre.
Dans le blason naturel, l'émail de l'étoile est indiqué en référence à celui du croissant. Le blason formel ne connaît pas de telles indications contextuelles et il faut transcrire ici «etoile de même» par l'expression plus explicite (etoile or). Notez que l'accent de «étoile» a disparu.

À ce point de notre analyse, notre blason en voie de formalisation s'écrit ainsi

( accompagne ( charge ( fasce argent ) ( «cinq» ( merlette sable ) ) ) ( «en chef» ( croissant or ) ) ( «en pointe» ( etoile or ) ) )
Nous en avons presque finit puisque l'indication de nombre se transcrit par ce nombre en notation décimale et les indications de situation subissent une légère altération pour devenir, respectivement, enChef et enPointe.

In fine le blason naturel d'azur à la fasce d'argent chargée de cinq merlettes de sable et accompagnée en chef d'un croissant d'or et en pointe d'une étoile de même a pour version formalisée

( azur ( accompagne ( charge ( fasce argent ) ( 5 ( merlette sable ) ) ) ( enChef ( croissant or ) ) ( enPointe ( etoile or ) ) ) )
Dans l'expression formelle du blason, si l'émail du champ reste en première position, la mention de la figure principale est placée après celle des opérations de charge et d'accompagnement. Cela vient de la notation préfixée des opérations.

Le paragraphe suivant décrit l'interface graphique d'édition du blason formel et illustre son utilisation sur l'exemple que nous venons d'analyser.
Un exposé plus complet des possibilités du blason formel sera ensuite proposé.

Interface graphique

L'interface proposée se compose de: La page de départ de construction du blason se présente comme ceci
Après édition du blason de notre exemple, en oubliant le petit laïus introductif, on obtient cela:

De ceci à cela

À une exception près, l'édition du blason est guidée par un système dynamique de menus déroulant. Chaque menu est muni d'un intitulé qui indique une entité ou opération héraldique; et offre en option les valeurs possibles de ces entités ou opérations. Les choix faits engendrent, si besoin d'autres menus pour compléter la définition du blason.

Choix du blason

Le premier choix à faire est celui du type de blason que l'on veut construire. Le menu proposé est le suivant

Petit armorial didactique

Pour chaque exemple, nous donnons un blason en langue naturelle puis l'image écran de sa réalisation avec l'interface graphique. Le menu d'édition y est complètement développé et l'expression formelle correspondante est donnée en bas de l'image écran.

Le blason plain

De gueules plain

Le blason simple et quelques figures

Avec une figure simple
Sans précision de situation:
D'argent au chevron d'azur
Avec précision de situation:
D'hermine au lambel de gueules en chef
Avec une figure en nombre
Sans précision de position (ni de situation):
D'azur à 3 fleurs de lys d'or
Avec précision de position (et de situation):
D'azur à d'azur à 3 merlettes d'argent rangées en chef
Avec une figure chargée
D'une figure simple
De gueules au pal d'argent chargé d'un chevron de sable
D'une figure en nombre
D'argent à la fasce d'azur chargée de 3 coquilles d'or
sans indication de position, une figure en nombre qui charge une fasce est enFasce.
Avec une figure accompagnée

D'une figure simple
D'argent à la fasce de sable accompagnée en chef d'un lion léopardé de même
La situation est toujours précisée lorsque la figure accompagnante est une figure simple.
La blason calculable ne connaît pas le «de même», il doit expliciter les émaux.

D'une figure en nombre avec situation
D'argent à la fasce de sable accompagnée en chef de trois merlettes de même
sans indication de position, une figure en nombre qui accompagne une fasce est en fasce.

D'une figure en nombre sans indication de situation
D'azur à la bande d'or accompagnée de deux étoiles de même
Une bande laisse libre exactement deux portions du champ: la situation des deux figures qui l'accompagnent peut rester implicite.